LA TOUSSUIRE : INAUGURATION
Le droit à la compétitivité
Le secrétaire d'État à l'Aménagement du territoire Frédéric de Saint-Sernin a fait hier le tour des dispositifs en faveur des zones de montagne, et défendu la toute récente loi sur le développement des territoires ruraux.
L'aménagement du territoire, ça concerne aussi le sport. Jean-Pierre Vidai est venu d'un coup d'hélicoptère de L'Alpe-d'Huez où il court les championnats de France de ski, pour participer à l'inauguration de deux télésièges dans sa station de La Toussuire. Pour lui, ces remontées facilitent la vie des touristes, mais sont aussi un outil au service des sportifs locaux, leur offrent de meilleures conditions d'entraînement. " Il y aura d'autres champions ici ", assure le médaillé d'or de Salt Lake city. Car en ce domaine aussi, le développement, la performance, ne se décrètent pas. Il faut des moyens.
Les nouvelles remontées mécaniques du domaine des Sybelles, le quatrième de France (18 millions d'euros investis cette année à La Toussuire et Saint-Sorlin-d'Arves) doivent tout à la volonté des investisseurs que sont les sociétés locales de remontées mécaniques. " II y a en montagne une mentalité qui fait qu'on a envie d'avancer", se félicite Frédéric de Saint-Sernin. Que peuvent alors attendre les montagnards d'un secrétaire d'État à l'Aménagement du territoire ? Sans doute, et l'expression est du membre du gouvernement, qu'il crée les conditions d'un " droit, à la compétitivité " pour les zones de montagne où il n'y a pas, assure-t-il, de " sous-développement " obligé, mais bien des " obstacles au développement ". Obstacles parfois entretenus. Au cours d'une réunion de la commission permanente du comité de massif des Alpes tenue, c'est une première, en présence du ministre, le député des Hautes-Alpes Joël Giraud (PS) a rappelé quelques exemples : les plans de prévention des risques qui empêchent de construire alors qu'il faudrait bâtir des logements sociaux, " les bouts de lignes ferroviaires que nous avons dans les Alpes, toujours les dernières entretenues", et pour rester dans le domaine du rail, " un TGV Méditerranée qui a éloigné les Alpes du Sud de la desserte ". " Les Alpes du Nord aussi ", renchérit son collègue savoyard Michel Bouvard (UMP). Bien souvent, les élus de la montagne parlent d'une seule voix quand il s'agit de défendre leurs territoires, au-delà des clivages politiques. C'est l'ancien député-maire socialiste de Briançon Robert de Caumont qui est l'auteur de la " loi-montagne " de 1986 : il regrette aujourd'hui que les dispositions relatives à ces territoires soient éparpillées dans une foultitude de textes et plaide pour un travail de compilation aboutissant à un " code de la montagne ". Il l'a déjà fait, du reste. La fusion des anciens comités de massif des Alpes du Nord et du Sud satisfait tout le monde, tout comme le maintien du rôle de l'État dans tout ce qui touche à la montagne. " Nous ne pouvons avoir pour seuls interlocuteurs des conseils régionaux ", insiste Michel Bouvard. Et puisque l'État doit rester présent, autant lui en demander, parfois fermement. Ainsi, la loi sur le développement des territoires ruraux (" DTR "), votée le 24 février dernier, est déjà attendue au tournant. " Certains services produisent des textes sans tenir compte de l'existence de comités de massif responsables ", regrette Michel Bouvard. Jean-Charles Simiand, délégué général du Syndicat national des téléphériques de France, applaudit à la volonté de simplification de la procédure d'unité touristique nouvelle, mais dénonce certains aspects des projets de décrets d'application. Le maire de Montricher-Albanne, Jean Verney, qui parle sans détour, se demande " comment mettre hors d'état de nuire la minorité qui a les moyens d'empêcherla réalisation de nos projets ", Une formulation excessive sans doute, pour demander une certaine sécurité juridique pour les aménagements de la montagne, une fois qu'ils ont été autorisés.
" Entre usagers, professionnels, élus, associations, on doit pouvoir trouver un équilibre ", lui répond Frédéric de Saint-Sernin. La loi DTR comprend 27 articles consacrés à la montagne, bien plus que prévu à l'origine. Un signe, sans doute, d'une vraie reconnaissance.