1. Les changements climatiques en montagne
Même si les changements climatiques annoncés
s'accompagnaient d'une augmentation des précipitations donc de la neige
en altitude, une interrogation demeurerait sur le niveau d'altitude à
partir duquel s'observerait ce phénomène, étant entendu
que l'augmentation de température devrait entraîner la fonte des
glaciers et la remontée vers les sommets de la limite de l'enneigement.
Là encore, votre Rapporteur centre ses observations sur le cas de la
France, étudié, en particulier, par la MIES.
La mission interministérielle de l'effet de serre (MIES), dans son
rapport sur les Impacts potentiels du changement climatique en France au
XXIème siècle (44(*)) , s'est également
penchée sur les impacts climatiques en montagne, en notant tout
d'abord que les informations résultant des modèles climatiques ne
permettaient pas de cibler une zone de dimensions plus restreintes que le
massif alpin.
Toujours est-il, qu'il a été relevé que les
communautés vivant en montagne devraient se préparer à
des stratégies de gestion des ressources hydriques assez souples.
A la fonte des glaciers et à celle du permafrost ,
viendrait s'ajouter un effet saisonnier se traduisant par des
premières neiges plus tardives et par une réduction de la
durée de l'enneigement.
Les zones situées vers 1500 mètres seraient les plus
sensibles, même en cas de très faibles changements de
température. Les fontes de neige plus précoces
accroîtraient la sécheresse estivale et les risques
d'incendies (en particulier dans les Alpes du Sud). Les étés
plus chauds et secs affecteraient les écosystèmes.
Mais, au-delà de l'enneigement, l'importance et la fréquence des
événements extrêmes (tempêtes, pluies
diluviennes entraînant des coulées de boue, chutes de rochers,
avalanches) risquent de perturber tout le contexte montagnard.
De plus, comme les régions de montagne concentrent leurs
écosystèmes, jouissant d'une très grande
biodiversité, sur de faibles superficies, les plantes qui peuvent
s'adapter en se déplaçant risquent d'être
perturbées, en particulier les espèces florissant tôt et
les petites populations isolées.
Les espèces les plus menacées seraient celles qui vivent au
contact des névés (45(*)), dans les dépressions et les
communautés des tourbières, car elles ne
bénéficieraient plus de la protection de la neige contre le gel
en hiver ni de la bonne alimentation en eau que leur procure la fonte du
printemps.
Il serait aussi observé une modification profonde de la
composition des forêts.
Toutes les ceintures de végétation se déplaceraient vers
les sommets compromettant probablement une part importante des espèces
endémiques de la flore alpine.
Dans les Alpes du Sud, suisses, italiennes et françaises, ce
déplacement en altitude pourrait être associé à un
déplacement vers le nord des espèces
méditerranéennes.
2. La couverture neigeuse
Des
estimations de l'évolution de la couverture neigeuse ont pu être
réalisées à partir du modèle CROCUS (de
Météo France) et du système d'analyse
météorologique SAFRAN à propos des Alpes (23 massifs) et
des Pyrénées (11 massifs). Ces projections ont été
testées, depuis une dizaine d'années, en les comparant aux
mesures des hauteurs de neige effectuées sur plus d'une soixantaine de
sites dans les Alpes et dans les Pyrénées.
A partir de là, il a été supposé que la
température allait augmenter de 1,8° dans les Alpes et dans les
Pyrénées, pour étudier les conséquences de ce
phénomène sur l'enneigement à 1500 mètres. Les
modifications sont retracées dans le tableau
ci-après :
Enneigement
|
diminution en % |
diminution en jours |
Alpes du Nord |
20 à 25 |
30 |
Alpes du
Sud
|
|
|
Pyrénées |
Jusqu'à 45 |
30 à 49 |
Les
altitudes les plus basses seraient particulièrement concernées,
alors qu'au dessus de 2000 mètres et, a fortiori de 2500
mètres, l'enneigement en hiver serait peu touché.
De même, la diminution du nombre de jours où la hauteur de
neige est supérieure à 20 cm serait réelle au dessus
de 2400 mètres, notamment, lors des périodes très
touristiques allant du 20 au 31 décembre et du 15 au 30 avril ; ce
phénomène étant davantage marqué en hiver qu'au
printemps.
L'étude citée de la MIES considère que
« des problèmes se poseraient aux stations ne disposant
pas de domaine de haute altitude (quel que soit le massif : Alpes,
Pyrénées, Massif Central, Jura, Vosges). Il n'y a pas de
régions favorisées ou défavorisées a priori.
Certes, l'enneigement est plus faible à altitude égale dans les
Alpes du Sud et les Pyrénées que dans les Alpes du Nord, mais les
stations de sports d'hiver sont également situées plus
haut. ».
Même si en France, le réflexe consiste à penser d'abord aux
conséquences les plus apparentes pour le tourisme de la diminution de
l'enneigement, à savoir le manque de neige dans les stations de sport
d'hiver, votre Rapporteur insiste à nouveau sur d'autres
conséquences que l'enneigement lui-même : les avalanches,
les crues, les glissements de terrain, la gestion de l'eau...
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